Les prix baissent mais la volatilité reste forte à cause des tensions en mer Noire
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des céréales, oléagineux et protéagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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Les prix des céréales et du colza ont évolué à la baisse grâce au retour à un calme plus relatif en mer Noire et à la poursuite des exportations ukrainiennes par le Danube. Néanmoins, la volatilité reste de mise au gré des annonces et des réactions tant du côté ukrainien que du russe.
Les prix du blé français perdent une partie de leur gain
Les prix des blés français se sont essoufflés après la hausse engendrée par les tensions autour des exportations ukrainiennes. Les prix avaient monté la semaine précédente à la suite du retrait de la Russie de l’accord sur le corridor maritime ukrainien et de bombardements sur Odessa.
Les prix avaient ensuite reculé tout à la fin de la semaine dernière, avant de repartir à la hausse au début de la semaine à cause de nouvelles frappes, sur le port de Reni cette fois (sur les bords du Danube). La situation est devenue plus calme depuis et les prix ont une nouvelle fois perdu une partie de leur gain alors que les exportations via le Danube se poursuivent.
Finalement, le blé rendu Rouen perd 7 €/t en une semaine, à 244,5 €/t (base : juillet). Le blé rendu La Pallice évolue de la même façon. En France, la récolte de blé tendre était terminée à 83 % au 24 juillet, selon FranceAgriMer. Globalement, les rendements déçoivent et les craintes portent maintenant sur la qualité des grains à cause des pluies sur les parcelles non récoltées dans le nord du pays.
La qualité pose également un problème en Russie où les pluies ralentissent les travaux de récolte. En conséquence, le blé Russe Fob Novorossiysk à 12,5 % de protéines a gagné 5 $/t en une semaine pour atteindre 237,5 $/t. Les précipitations freinent également les récoltes de blé dans le nord de l’Europe, où la qualité sera donc un élément sensible.
Au Canada, les conditions sont toujours trop sèches pour les blés de printemps tandis qu’elles s’améliorent en Argentine où les blés d’hiver ont débuté le tallage. Finalement, les tensions en mer Noire maintiennent les prix à un certain niveau mais ils tendent à céder du terrain puisque les exportations au départ de la Russie restent élevées. Cette dernière a même annoncé pouvoir livrer des céréales gratuitement à six pays d’Afrique (Burkina Faso, Zimbabwe, Mali, Somalie, République centrafricaine et Érythrée) à hauteur de 25 000 à 50 000 tonnes chacun.
L’orge fourragère cède du terrain mais pas les orges brassicoles
La récolte des orges en France touche à sa fin.Les rendements se confirment à de bons niveaux pour les orges d’hiver tandis qu’ils sont plus en retrait pour les orges de printemps. La récolte française devrait dépasser les 12 millions de tonnes. L’orge rendu Rouen cède 9,5 €/t en une semaine, à 228,5 €/t, à la suite des bons résultats de récolte et dans le sillage du blé. En revanche, les taux de calibrage ne sont pas au rendez-vous et les malteurs devront possiblement revoir leurs exigences.
En Europe du Nord (Royaume-Uni et Scandinavie), la qualité est également au cœur des préoccupations à cause des pluies des dernières semaines. Au Canada, les orges de printemps sont toujours dans des conditions difficiles en raison du manque de pluie.
Dans le même temps, la campagne d’exportation de la Russie démarre très fort avec 493 000 tonnes expédiées par voie maritime entre le 1 et le 20 juillet. L’an dernier, les exportations maritimes d’orges russes n’avaient atteint que 147 000 tonnes sur tout le mois de juillet. Les exportations françaises vers la Chine se montrent toujours dynamiques, avec 529 000 tonnes chargées au mois de juillet (contre 213 000 tonnes en juillet 2022).
Sur le segment brassicole, l’orge d’hiver Fob Creil grimpe très légèrement à 241 €/t, tandis que l’orge de printemps gagne 5 €/t, à 295 €/t Fob Creil. Les primes restent très élevées à cause des problèmes de qualité, notamment pour les orges de printemps. Ces derniers sont également concernés par des potentiels de rendement érodés, particulièrement en Scandinavie.
Baisse des cours du colza
Cette semaine, les cours du colza en France ont diminué de 35 €/t pour s’établir à 463 €/t rendu Rouen et à 470 €/t en Fob Moselle, le 27 juillet. Bien que les tensions en mer Noire soient toujours bien présentes, les résultats de la récolte ukrainienne de colza semblent prometteurs.
Les prix ukrainiens, très attractifs, devraient ainsi favoriser l’achat de colza ukrainien par les triturateurs. Cela pèse sur les cours en France. Par ailleurs, l’Union européenne réfléchit à des solutions pour soutenir les exportations de l’Ukraine : les pays baltes ont notamment proposé leurs infrastructures portuaires.
Des aides financières pour l’utilisation du rail vers ces installations sont à l’étude au sein de la Commission européenne. Sans ces voies d’exports supplémentaires, les exportations de colza par voie terrestre et par le Danube devraient être ralenties par rapport à la campagne précédente.
Les cours du colza cette semaine ont également subi la pression des récoltes en cours dans l’Europe et des récentes pluies nord-américaines. Ces dernières ont notamment soulagé les cultures de soja américain et de canola canadien. Toutefois, ces précipitations restent insuffisantes et ne permettent pas d’améliorer l’état des cultures, toujours préoccupantes. Enfin, les incertitudes sur les exportations ukrainiennes continuent d’apporter de la volatilité aux cours.
Tourteau de soja : le prix progresse dans le sillage de la fève
Le cours du tourteau de soja a de nouveau progressé cette semaine, porté par la hausse du prix du soja. La cotation à Montoir a gagné 25 € pour s’afficher à 516 €/t. Aux États-Unis, les pluies irrégulières qui ont arrosé le Midwest et certaines zones de production ont été insuffisantes pour rattraper la dégradation des cultures des semaines précédentes.
Par ailleurs, les fortes températures ont aussi apporté du stress aux plantes, qui font déjà face à la faible humidité des sols. Les cultures sont actuellement en pleine floraison alors que d’autres entrent dans leur phase de remplissage des gousses. Les conditions de cultures se sont dégradées.
De plus, les ventes de soja US à l’exportation ont été dynamiques cette semaine. Par ailleurs, dans l’Union européenne, l’offre en tourteau demeure limitée en raison du faible niveau de trituration actuellement, conséquence de la forte concurrence du colza. Cela soutient les cours du tourteau en France. En parallèle, sur le marché européen, le tourteau de soja a gagné en attractivité ce mois-ci face aux tourteaux concurrents, contribuant à activer un peu la demande.
La hausse des cours a toutefois été freinée par l’annonce de précipitations dans le Midwest sur les deux prochaines semaines. Cela pourrait soulager le stress hydrique des plantes. L’évolution des précipitations et des températures restent des facteurs de taille à surveiller.
À suivre : récoltes en cours, météo en Amérique du Nord, en Europe et en mer Noire (céréales, tournesol, colza, soja), exportations de l’Ukraine, production d’huile de palme en Asie du Sud-Est, conjoncture économique mondiale (croissance, inflation), prix du pétrole, parité euro/dollar.
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